".... je me cache, un peu honteuse.

Je sais que je suis entrée dans un autre monde. Je vois que les jeunes m'ignorent avec une indulgence teintée de mépris. Pire, les mieux intentionnés m'aident à grimper dans le bus, ou me laissent leur place pour que je puisse m'asseoir !

Que je le veuille ou non, je rejoins chaque jour un peu plus le monde des ombres. Dérangeantes, même si elles cherchent à se faire aussi petites que possible, elles rappellent que tout a une fin, demain peut-être ?

Se peut-il que si vite cette galaxie mystérieuse, réservée aux autres, hier encore si lointaine, m'ait déjà kidnappée ? Je suis devenue la copie de moi-même, en moins bien .....

..... il est impensable d'imaginer que mes chairs s'affaissent au point de ressembler à de la gélatine. Que dans ma bouche édentée tremblote un dentier mal ajusté. Que des mots incohérents soient répétés à l'infini, privés de sens, incapables d'atteindre leur but. Que mes mains torturées comme des sarments de vigne, s'agrippent à un déambulateur pour tenter de contrôler mes pas vacillants. Que je rejoigne les êtres en perdition comme s'ils étaient mes frères et que j'aie l'obligation de leur ressembler. Pour me retrouver, bavette autour du cou, attablée devant des plats sans goût. Endormie la bouche ouverte devant un poste de télévision débitant des séries pour attardés mentaux.

Au fond de moi, une question : à quoi bon ? Pourquoi ? Pour finir dans un trou avec un pot de chrysanthèmes sur la tête La tête ou les pieds, peu importe, le vent d'automne y ajoutera quelques feuilles mortes, l'hiver mettra un peu de givre sur l'inévitable croix. Seul le printemps autorisera le soleil à se regarder dans la pierre polie, apportant l'espoir que rien n'est figé, rien n'est perdu. Seules se perdent les âmes sans espoir" ...

Mais nous n'en sommes pas là, la preuve, ce qui suit ....

La vie n'est pas avare de ... bonnes surprises. Restons attentifs, ouverts, à tout âge, tout peut arriver !

Nous avons toujours le choix, laisser nos peurs, nos angoisses nous dominer ou alors dire oui au soleil qui se lève, nous illumine, nous embrase aussi, le recevoir comme un cadeau.

C'est ce qu'a fait Anna.

Jusqu'où ira-t-elle, le regrettera-t-elle, qu'en pensera Mathilde ?

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