• "...Tétanisée, Mathilde regrette.

    Elle regrette tellement d'avoir lu ce qu'elle vient de lire. La force des mots la dérange. C'était tellement commode de ne pas voir, de ne pas deviner, de mettre sa mère au placard.

    Cette solitude dissimulée comme une maladie honteuse, qui se cache derrière le fard des joues, agrémenté d'un peu de rose pour donner bonne mine et faire croire que tout va bien. Cette femme hésitant entre résignation et passion, tellement, vivante, c'est sa mère. Elle assiste impuissante à sa naissance. La naissance de sa mère... Rôles inversés, idées toutes faites balayées.

    Une femme qui crie en silence sa féminité en perdition, qui brûle de tous les mots qu'elle n'a jamais dits, qui hurle dans son néant, qui étouffe de vouloir encore,  refuse d'entrer si vite, déjà, dans le tunnel sans lumière qui conduit à l'heure ultime; cette femme qui se regarde sans concession, c'est sa mère, faible et forte femme.

    "Je suis allée trop loin, pense Mathilde, je dois savoir. C'est maintenant ou jamais ...."

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • "J'ai toujours aimé les histoires d'amour.

    Celle qui suit a l'intensité de l'éphémère, la fluidité du vent, la douleur de l'inaccompli. Ensemble, nous sommes devenus légers. Nous avons laissé nos âmes dériver jusqu'aux frontières de l'irréel ...

     

     Faire amour tendrement,

    Rien qu'amour doucement,

    Avec celle qu'on aime,

    N'est-ce pas merveilleux ?

    Ce sont jeux de notre âge

    Ou bien faut-il alors

    Imaginer des jeux

    Sages, chastes, innocents

    Et se retrouver vieux ?

    En sorte que je sache,

    Tout ce que tu en penses

    Amoureuse adorée

    Invite-moi bien vite,

    Maintenant s'il te plaît

    Et laisse-moi t'aimer

     

    Marc

    "Ce poème, c'est vous qui me l'avez inspiré, Anna, je vous invite à découvrir mes pensées les plus secrètes.

    Vous êtes si belle, Anna ..."

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • "...Maman, je n'ai pas le souvenir de toi "vivante". J'ai l'impression de t'avoir toujours connue vieille. Usée. Cette image de toi me convenait. Elle convenait à mon égoïsme. De quel droit viens-tu me défier avec tes états d'âme de jeune pucelle en chaleur ?

    Je t'ai pourtant vue maman, rétrécir comme un lainage lavé à l'eau trop chaude. Était-ce de trop de feux jamais éteints que tu te consumais, tu disparaissais à la vue du monde pour devenir transparente. Grise. Inexistante.

    Tes belles années, cachées sur des photos jaunies dans de vieux albums que personne n'ouvre jamais, avaient laissé la place à cette personne banale à laquelle je m'étais habituée.

    Je crains ce qui suit. Ton apparence lisse m'allait bien . Au fond, cela m'arrangeait que tu sois comme ça. Tu n'entrais pas dans mon paysage. Je savais que tu existais, quelque part, pas trop près de nous, je ne me posais pas de questions. Que ce soit sur ta vie, ton bonheur, tes angoisses, tes espoirs, tes renoncements, tout ce qui fait vibrer les êtres. Ton reflet insignifiant me suffisait.

    Tu étais comme les objets qui, une fois posés sur une étagère, n'existent plus que pour s'offrir à la poussière..."

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • "... - Maman, tu es là ?

    Même pas capable de me répondre, ça c'est le comble !

    Mais, ma parole, elle est partie ! Comme ça ! Sans rien dire et en plus elle n'a pas éteint l'ordinateur! Où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir, c'est bien connu !"

    "Ce matin, je me suis réveillé tout plein de vous. Notre conversation d'hier soir m'a révélé une part de votre personnalité qui comble mes rêves les plus fous. Anna, très chère Anna, quand aurons-nous l'occasion de nous revoir ?"

    Mais c'est quoi ça ?

    Anna, mais c'est maman ! C'est qui ce ... au fait, il s'appelle comment cet inconnu ?

    "Marc, vous savez l'émotion qui est la mienne à chacune de nos rencontres. Comme nous avons ri hier soir, devant ce film cent fois regardé, mais pour nous toujours aussi savoureux. Ma main dans la vôtre, vous m'offriez l'ancrage de votre tendresse. Marc, vous me redonnez mon âme d'enfant, je compte les heures qui me séparent de vous. Vous voulez bien demain, m'emmener à la Foire ? Vous n'allez pas me croire, mais j'adore toujours les manèges. Ne le dites pas à ma fille si un jour vous la rencontrez, c'est l'un de mes petits secrets. Vous savez comment sont les jeunes, ils ne voient que nos petits bobos, les exagèrent, en font toute une montagne, je crois bien que ce sont eux les vieux, Marc."

    "Anna, chère Anna, votre fraîcheur me ravit. Confidence pour confidence, savez-vous que lorsque je me crois seul, je me paie une barbe à papa ? Je vous assure ! Vous savez quoi ? Pendant que vous irez sur le Grand Huit, je mangerai une barbe à papa. Ne vous étonnez pas si je colle en vous embrassant !"

     

    Qui sont Anna et Marc, qui est Mathilde ? Comment va-t-elle réagir ?

    A suivre ....

     

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • "Temps mon ami, je te prends par la main. Emmène-moi là où je ne suis jamais allée, là où m'attend ma vérité.

    Lorsque nos pas nous ont amenés jusqu'à ce point de notre âge, la peur de vieillir nous a quitté, elle n'a plus aucune prise sur nous, car oui, nous sommes vieux, mais ce n'est qu'un mot, rien qu'un mot, vide de sens.

    Si, une chose.

    Même si les apparences sont contre nous, notre envie de vivre est intacte, avec le temps pour complice. Le temps nous prend en otage, mais nous n'en sommes pas prisonniers. S'il nous donne parfois l'impression de nous enserrer de ses griffes menaçantes, si souvent il joue à nous perdre dans des luttes sans fin, s'il tente d'assombrir nos jours jusqu'à les faire pleurer, s'il cherche à plonger nos cœurs dans l'inquiétude du quotidien en agitant devant nos yeux le noir drapeau de notre fin annoncée, il arrive un temps où il est devenu totalement inoffensif.

    Nous avons atteint une plage paisible. Elle n'a ni commencement, ni fin. Elle s'offre à nous. Le sable y est doux, les rayons de soleil lumineux. Libre à nous de nous y installer et de goûter son éternité.

    Après avoir appris à marcher, après avoir étudié, avoir eu des enfants, après avoir travaillé, toute une vie tournée vers le "faire", j'ai compris que vieillir aussi était un travail. Passionnant. Enrichissant. J'ai retroussé mes manches, j'ai regardé les temps à venir bien en face et je leur ai dit "tonga soa" (bienvenue en malgache).

    Je vous regarde, vous ne me faites pas peur. Je vous ouvre mes bras, en grand, aussi grand que tout ce que vous avez à m'apprendre. Je sais que vous contenez tout ce que je n'ai pas encore pu découvrir, que vous me réservez des surprises étonnantes, enrichissantes, jamais imaginées. Je prends avec passion tout ce que vous m'offrirez, sachant que chaque évènement me conduira là où je découvrirai enfin pourquoi.

    Pourquoi cette vie, pourquoi, comment. Il doit y avoir une réponse ..."

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique